Les sucres pour bébé : un hérésie ou une nécessité ?

Les sucres pour bébé : un hérésie ou une nécessité ?

On ne peut pas savoir si les sucres sont bons ou mauvais sans savoir réellement quels sont les besoins de bébé ? Ni quels sont leur impact sur leur organisme. D’ailleurs vous avez sûrement entendu parler des sucres simples ou encore des sucres lents. À quoi cela correspond-il ? Au début de la diversification alimentaire de mon petit garçon je n’étais pas très à l’aise avec toutes ces notions alors j’ai creusé et voici ce que j’ai découvert.

Quels sont les besoins en glucides de bébé ?

Une appétence innée pour le sucre

À la naissance, la première saveur que reconnaît et recherche bébé est le sucré. C’est d’ailleurs celle qu’il reconnaît également le plus in utero. Ainsi le lait maternel est très riche en sucre, surtout les débuts de tétée.

Pour les futures mamans intéressées par l’allaitement je vous ai dédié 3 épisodes complets sur l’allaitement sur mon podcast Mes Choix de Maman. N’hésitez pas à y faire un tour !

Une nécessité physiologique

Les sucres sont une nécessité physiologique puisqu’ils apportent de l’énergie à l’ensemble du corps : ils font partie des macronutriments indispensables à l’organisme.
Cependant on ne peut pas s’arrêter là. Parler des sucres en ces termes revient à dire que les différents types de sucre ont le même impact sur la santé, sont assimilés de la même façon, nourrissent le corps de la façon. Ce qui est faux.
Pour bien comprendre cela il faut détailler les différents types de sucre et y voir plus clair entre glucides, sucres, sucres rapides ou lents etc.

Que sont les sucres exactement ?

Définition et grandes familles

Les différents “sucre” font partie de la famille des glucides qui comprennent aussi les fibres. Les glucides sont des macronutriments essentiels à l’organisme de bébé au même titre que les protéines et les lipides (matières grasses).

On parle de macronutriments lorsque les nutriments ingérés apportent de l’énergie au corps. Ils s’opposent en ce sens aux micronutriments qui sont absolument capitaux pour la santé mais n’apportent pas directement d’énergie.

Si les notions de glucides ou sucres semblent si confuses aujourd’hui c’est parce qu’elles ont évolué au cours du demi-siècle dernier et qu’il reste encore aujourd’hui des notions complètement erronées qui ne tiennent pas compte des recherches scientifiques récentes.

Pendant 50 ans on a différencié les sucres en fonction de leur composition.

🔸 Les sucres simples (ou rapides) : composés de molécules de glucose, fructose, saccharose ou lactose. Ils vont directement passer dans le sang pour alimenter nos cellules. Ils sont très facilement assimilables. D’où l’ancien nom de sucre rapide.

🔸 Les sucres complexes, autrefois appelés sucres lents ou féculents : ils sont composés principalement d’amidon. Une chaîne de molécules qui doit être cassées, découpée par les enzymes de l’organisme pour être ensuite assimilée et utilisée. D’où leur ancien nom de sucre lent : il faut plus de temps au corps pour s’en servir.

Les fibres font également partie des glucides même si celles-ci n’apportent pas de calorie (donc d’énergie). C’est pour cette raison que je n’en parlerais pas plus dans cet article. Je leur en dédierai un complet prochainement ! Sachez simplement qu’elles ont d’autres rôles dans l’organisme absolument essentiels : transit, substrat pour le microbiote intestinal notamment.

Depuis les récents travaux sur le rôle des aliments sur la glycémie sanguine et les découvertes stupéfiantes sur les conséquences négatives de la surproduction d’insuline sur l’organisme, il est admis par la communauté scientifique que classer les sucres en fonction de leur structure n’a plus beaucoup de sens.

C’est à présent l’impact qu’ils vont avoir sur la glycémie sanguine qui détermine leur qualité.

Bien sûr tout ce que je vous décris ici vaut pour chaque être humain, pas que pour bébé ! Mais comme nous le verrons plus bas dans l’article les enfants sont les premières victimes de la surconsommation de sucres et des mauvais choix en la matière.

Certains glucides vont avoir un impact direct sur la glycémie : ils vont la faire monter très rapidement. Cela se traduit par la production massive d’insuline.
On parle d’aliments à indice glycémique (IG) élevé.
D’autres glucides, au contraire, ne vont pas faire varier la glycémie trop rapidement et trop fortement. Celle-ci va augmenter lentement et donc de la même façon la production d’insuline ne sera pas violente mais progressive. On parle d’aliments à indice glycémique bas ou modéré.

Voici quelques exemples concrets :
La majorité des fruits, ou encore le miel sont des sucres simples mais ont un indice glycémique bas ou modéré.
À l’inverse les pâtes ou les pommes de terre sont très riches en amidon, ce sont des glucides complexes, qui ont pourtant un indice glycémique élevé.

On comprend mieux pourquoi la notion de sucres rapides ou sucres lents est aujourd’hui dépassée. Cette classification n’est pas une notion santé.
Finalement cette distinction ne nous informe pas vraiment sur le sentiment de satiété généré, sur l’apport d’énergie à court, moyen ou long terme, sur la qualité des sucres pour le cerveau, sur la l’effet inflammatoire sur l’organisme etc.

Quels glucides choisir pour bébé ?

Qu’allons-nous pouvoir donner à bébé ?! Comment orienter nos choix de maman ?

C’est simple :

➡️ nous devons veiller à leur proposer 90% du temps des aliments à IG bas ou modéré.
Comme je vous le disais plus haut ce sont les aliments qui entraîne une production modérée et progressive d’insuline dans le sang.
Que se passe-t-il si nous faisons l’inverse, si 90% des glucides que nous donnons à bébé sont à IG élevé ?

➡️ À court terme : hausse très rapide et importante de la glycémie
=> surproduction d’insuline pour réguler la situation, suivie d’une baisse brutale du taux de sucre sanguin (l’insuline fait trop bien son job !)
=> cela se traduit par une forte envie de sucre, de la fatigue, une baisse de moral et de l’énergie, une certaine agressivité, parfois des nausées…
Le cerveau pousse le corps à remanger du sucre car il se croit en danger. En effet, quand la glycémie n’est pas à la normale c’est lui qui en souffre en premier et il n’apprécie pas ça du tout ! Donc vous avez compris on rentre dans un cercle vicieux infernal. On comprend mieux pourquoi le sucre appelle le sucre. Un bébé habitué au sucre en redemandera toujours plus.

➡️ À moyen-long terme : les cellules deviennent insensibles à l’insuline (on parle alors de prédiabète), tout le métabolisme est perturbé et bien sûr impossible de ne pas évoquer le surpoids. L’insuline a en effet aussi le rôle de stockage des graisses: tout le sucre en trop, hop, dans les cellules adipeuses.

1/3 des enfants serait en surpoids dans de nombreux pays : Allemagne, États-Unis, Chili, Finlande… La France n’en est pas loin, il faut vraiment réagir le plus tôt possible !
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Les glucides naturels et les sucres industriels

Un autre paramètre est à prendre en compte pour le choix des glucides : leurs sources.
Vous allez voir que cela rejoint la notion d’indice glycémique mais c’est une autre façon, plus pratico pratique, de voir les choses.
Les sucres naturels sont ceux qu’on trouve dans les aliments bruts, en opposition avec les aliments ultra-transformés, créés par l’industrie agro-alimentaires.

Prenons quelques exemples d’aliments ultra-transformés (AUT) :
Le poisson = un aliment brut.
Les bâtonnets de poissons panés = aliments transformés.
Fruits = aliments bruts.
Yaourts aux fruits : aliments transformés.

Les sucres industriels sont ceux qui sont créés de toute pièces par des procédés industriels pour être ensuite utilisés dans les différents plats préparés et aliments industriels.
Ces sucres industriels sur consommés sont délétères sur la santé : ils chargent le foie, ont un indice glycémique élevé, sont dépourvus de tout micronutriments, et sont pro-inflammatoires pour l’ensemble de l’organisme. Ils ont des effets néfastes sur le cerveau et donc le bon développement intellectuel et cognitif de bébé.


Les différents impacts des glucides sur la santé de bébé

Glucides et source d’énergie

Bien choisis, les glucides sont la source d’énergie la plus facilement accessible pour le corps et le cerveau et ils sont à ce titre indispensables à la croissance et au bon développement de bébé. Tous les glucides naturels présents dans les fruits, les légumes, les tubercules, les légumineuses, certaines céréales ou pseudo céréales… sont excellents pour nos tout petits. Tout est question de choix. Retenez que dernière le mot sucre ou le mot glucide il y a des choses très différentes comme on l’a vu précédemment.

Glucides et “maladies de civilisation”

Comme nous l’avons évoqué un peu plus haut, la consommation de sucres raffinés, de sucres industriels, de façon non raisonnée et répétée est délétère pour nos bébés.
🔺 Les dentistes déplorent depuis une dizaine d’année une explosion des caries chez les bébés ! Sur les dents de lait ! Ils montrent du doigts les biberons de sodas ou de jus de fruits au coucher ou la nuit que les parents laissent à bébé par exemple. Le grignotage de produits sucrés tout au long de la journée. Les desserts sucrés dès le début de la diversification alimentaire. Etc.
🔺 Ensuite, même si les conséquences ne sont pas visibles dans l’immédiat sur les tout petits, il faut prendre en compte le terrain qu’on leur construit : quel capital santé nous sommes entrain de leur créer ? Le sucre est très inflammatoire et fait le lit de nombreuses maladies dites “de société” ou “de civilisation” : diabète de type 2, obésité, troubles alimentaires, troubles du comportement, baisse de l’immunité… autant de pathologies qui resteront pour certaines silencieuses pendant des années et deviendront un enfer à l’adolescence ou à l’âge adulte.

Glucides et dépendance

On a vu précédemment que le sucre appelle le sucre d’un point de vue physiologique. On peut presque le comparer à une drogue. C’est d’ailleurs ce qu’a fait le Dr Ahmed lors de ses recherches sur le sucre en laboratoire en soumettant des souris à un choix difficile. Après les avoir habituées à la fois au sucre et à la cocaïne, les chercheurs leur ont donné le choix : elles pouvaient soit consommer du sucre soit de la cocaïne. Et bien contre toute attente elles se sont orientées vers … le sucre !
Lorsqu’on habitue depuis tout petit, depuis la diversification alimentaire, nos bébés à consommer du sucre sans distinction et en trop grande quantité on leur crée une dépendance dont ils ne pourront plus s’échapper.
C’est tout à fait possible que vous, à titre personnel, vous soyez très attirée par le sucre. Alors je vous demande de réfléchir à cela : pensez-vous qu’il est plus difficile de devoir se “désintoxiquer” du sucre ? Ou bien de ne pas “tomber dedans” ?
Je suis bien placée pour le savoir : j’ai été accro au sucre pendant très longtemps. Petit à petit j’apprends à m’en détacher et à retrouver la saveur d’autres aliments. Mais c’est très dur.
Alors je me dis qu’il est préférable que mon fils ne vive pas ce désagrément quotidien et cette frustration permanente. Bien sûr je lui donne des glucides ! Mais je les choisis avec soin et je bannis tout sucre industriel de la maison, ainsi que tous les produits à IG élevé non essentiels.

Les sucres cachés : attention bébé menacé

Que sont les sucres cachés ?

Ceux qui n’ont pas le nom de sucre tout simplement. Cela nous renvoie directement à nos sucres industriels. Petit indice pour les repérer : ils se terminent souvent en -ose (sucrose, dextrose, lactose, maltose, maltodextrine, sirop de glucose…)

Pourquoi les fuir ?

Tout simplement parce qu’ils entraînent les effets que l’on a cités plus haut : ce sont les sucres industriels qui vont sur-solliciter la production d’insuline avec les désagréments qui en découlent à court, moyen ou long terme.

Comment se prémunir des sucres cachés ?

Il faut apprendre à lire les étiquettes !
La liste des ingrédients est obligatoirement indiquée sur tout produit emballé. Alors quand on fait nos courses on endosse la cape de la “supermom”, on se munit de notre plus belle loupe, d’un peu de patience et on décortique !
Pour rappel, le premier ingrédient de la liste est celui qui est proportionnellement le plus présent dans le produit. Puis cela va dé-creschendo. Donc si vous découvrez que dans les premiers ingrédients de liste il y a “sucre” ou tout autre terme désignant du sucre alors vous pouvez le reposer et en chercher un autre 😉
Cela m’arrive souvent. Avec les boissons végétales par exemple ou même certaines conserves.

Si vous n’avez pas beaucoup de temps vous pouvez aussi prendre ce raccourci : débarrassez-vous des aliments ultra transformés et orientez-vous vers les aliments bruts. Vous aurez bien moins de mauvaises surprises !

Conclusion

Une nécessité et une hérésie à la fois

Oui il est indispensable que bébé mange des glucides, cela fait partie de ses besoins nutritionnels de base, avec les protéines et lipides. Par contre ce qui est important, je dirais même crucial, c’est le choix des glucides que vous allez lui donner.
Oui selon moi c’est une hérésie de donner des bonbons, du chocolat au lait, des plats industriels, des gâteaux apéritifs etc à un bébé. Cela déstabilise complètement son métabolisme et le plonge dés le plus jeune dans une dépendance au sucre dont il aura bien du mal à se séparer par la suite…

Comment gérer cela au quotidien ?

Comment faire les bons choix au quotidien et comment rester sur le chemin de la santé face à tous les obstacles qu’on rencontre ?
Je me pose très souvent la question.
Il y a beaucoup de tentations, on veut faire plaisir à son enfant, on veut être une bonne maman, ce n’est pas toujours facile d’être rationnelle avec des conséquences à long terme et des problèmes invisibles sur le moment.
En plus si les proches s’y mettent on peut facilement perdre nos moyens : “mais tu ne donnes pas de chocolat à ton enfant oh le pauvre…” “tu es trop stricte”, “tu te prends trop la tête”… bref c’est tellement facile de critiquer !
Mais je pense qu’il faut garder le cap.
Non l’excès de mauvais sucre n’est pas une fatalité et oui c’est mieux pour notre enfant de demain de le préserver aujourd’hui.
Alors voici quel est mon mantra : le 80/20.
Je pense que si 80% de son alimentation est clean alors son corps pourra gérer le reste. Cela veut dire que je vise le 100% à la maison (c’est facile à respecter) et je laisse couler à l’extérieur (lorsqu’on est invités, s’il y a des écarts chez la nounou, puis plus tard à l’école…) car de toute façon vous ne pourrez pas tout contrôler et c’est normal.

J’ai bien conscience que cet article est particulièrement long et un peu technique mais je pense que ça valait le coup de rentrer un peu dans le détail pour bien comprendre les enjeux et faire des choix plus éclairés.
On ne peut pas faire les meilleurs choix pour nos enfants lorsqu’on ne comprend pas réellement les mécanismes qui rentrent en jeux.
Alors mille mercis les mamans de m’avoir lue jusqu’ici ! Si cet article vous apporter quelque chose, partagez-le ou commentez-le, ça fait toujours plaisir.

 💬 À très vite sur dis-maman.fr !

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